Les soins palliatifs aujourd’hui

« Il nous faut cheminer dans le doute… »
vendredi 29 janvier 2016
par  A. LE GALL

Le Docteur Vincent Morel, médecin responsable de l’équipe mobile d’accompagnement et de soins palliatifs du CHU de Rennes et aussi ancien président de la Société Française d’Accompagnement et de Soins palliatifs (SFAP) intervenait à Deauville, le 23 octobre dernier sur le thème : « Les soins palliatifs aujourd’hui à la lumière de la loi. » Ce rendez-vous de réflexion et d’échange proposé au grand public était dû à l’initiative de l’Association de bénévoles d’accompagnement en soins palliatifs (ASPEC) dont l’une des missions, au delà de l’accompagnement de malades dans la grande maladie et leur famille est aussi de populariser le développement des soins palliatifs dans les mentalités.

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Docteur Vincent Morel

Un socle commun de convictions plus large que les divergences…

Le Dr Morel a pu témoigner des convictions de son métier de praticien hospitalier, devenu aux travers de ses engagements, une « référence  » sur cette approche de la fin de vie. Une grande humilité, pétrie d’une humanité chaleureuse et confiante, présidait au développement de sa pensée : la fin de vie et les soins palliatifs restent des sujets sensibles, au carrefour de décisions politiques louvoyantes, d’interrogations médicales quant au rôle qui serait assigné au soignant et d’attentes du public sollicitant des éclaircissements sur les moments ultimes et incontournables de toute vie inquiète du sens…

Nous devrions avoir dépassé les affrontements dogmatiques des uns ou des autres pour nous rejoindre à la fois sur ce qui fait consensus et aussi les points de divergences.

Nous pouvons avancer avec quelques fondements :

  • nous avons chacun une vie personnelle et une subjectivité qui colorent nos affirmations que nous soyons citoyens de base ou responsables au plus haut niveau des instances d’État.
  • Le refus de l’acharnement thérapeutique, tout comme le souhait de développer les soins palliatifs sont unanimement proclamés d’un bord ou d’un autre.
  • La place centrale du patient dans les décisions qui le concernent est une autre exigence partagée.

Les écueils de nos divergences sont également bien balisés. Les mêmes mots ne renvoient pas à des réalités similaires et nous achoppons sur les notions d’euthanasie active ou passive, sur les dimensions de la dignité qu’aucune association ne saurait accaparer à sa seule jauge. L’autonomie de chaque personne se définit différemment pour les uns et les autres tout autant que le place du collectif. L’intentionnalité d’un acte fait aussi difficulté autour des motivations de la sédation profonde par exemple. Une ligne de fracture émerge enfin très fort quand il s’agit de déterminer si la place du médecin pourrait être aussi dans l’administration de la mort ?

Toutes ces interrogations cruciales autour de ce qui fait tension dans nos convictions et ce qui fait accord confortent l’attitude commune qui devrait prévaloir dans le domaine de la fin de vie et des soins palliatifs : il nous faut accepter de cheminer avec le doute.

S’il y a une avancée quant à l’accès aux soins palliatifs, il reste d’immenses progrès pour dépasser des situations qui tardent à être indignes, notamment quand le malade est à domicile. Le Dr Morel rappelait aussi le déficit énorme de formation aux soins palliatifs dans le cursus des soignants et les impasses sur des phénomènes naturels, inhérents au processus de fin de vie, telle l’agonie. Nous sommes victimes de cette culture du «  sans douleur  » qui tend à camoufler ou escamoter les émotions existentielles les plus rudes, en pensant que la sédation administrée dans un service dédié de l’hôpital puisse devenir notre nouveau sésame ou garantie déléguée de la bonne mort.

A. Le Gall


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